Contrariété émotionnelle (réprimande, frustration) ou choc physique (chute, douleur) sont autant de causes susceptibles de provoquer les pleurs de votre enfant. Entre 6 mois et 3 ans, lors d'une crise de forte intensité, certains ont tendance à bloquer leur respiration sans reprendre leur souffle, générant les spasmes du sanglot.

 

Spectaculaires, ces spasmes sont heureusement sans gravité. La meilleure attitude pour l'entourage ? Rester zen et attendre que ça passe, sans intervenir. Et surtout, dé-dra-ma-ti-ser. Les conseils du Pr Antoine Bourrillon, pédiatre au CHU Robert Debré à Paris.

Comment reconnaître le spasme du sanglot ?

Dans les deux tiers des cas, l'enfant bleuit, perd parfois brièvement connaissance, présente des convulsions (5 % des cas) et ses yeux se révulsent. Il reprend rapidement connaissance et se recolore. En aucun cas, il ne s'agit d'une crise d' épilepsie.

Dans les autres cas, sous l'effet de l'émotion, l'enfant pâlit et son rythme cardiaque ralentit. Un phénomène appelé "la pâmoison". Aussi spectaculaire soit-il, l'événement reste sans gravité et ne provoque aucune séquelle sur la santé, en particulier sur le cerveau, assurent les spécialistes. Selon le Pr Antoine Bourrillon, pédiatre au CHU Robert Debré (Paris), les enfants concernés par ces syncopes sont ceux qui stimulent anormalement et très fortement leur nerf pneumo gastrique (ou nerf vagal). "Ce terrain vagal est souvent retrouvé chez les adolescents qui tombent plus facilement dans les pommes", constate le pédiatre.

Quelle attitude adopter face à une crise de larmes ?

Lors d'une crise, sans pour autant abandonner son enfant, Antoine Bourrillon recommande, "dans un premier temps, de le laisser pleurer, et ensuite de venir le câliner et le rassurer, mais pas immédiatement". Si les crises se reproduisent, il est donc conseillé de s'habituer au phénomène et d'y faire le moins attention possible. Facile à dire, mais pas toujours facile à faire...

Même chose lorsque l'on voit son enfant par terre, inanimé, bleu et rigide pour la première fois : difficile de ne pas s'inquiéter. Pourtant, il n'y a rien à faire, assure le pédiatre, et surtout "pas demassage cardiaque ou de bouche à bouche". Inutile également de lui passer de l'eau froide ou de lui tapoter les joues, le tout est de savoir que l'enfant ne va pas mourir et qu'il va revenir à lui. "Il faut déculpabiliser les parents et les rassurer", conseille le spécialiste.

D'une façon générale, aucun traitement n'est nécessaire. Toutefois, si les crises sont anormalement fréquentes et sévères en intensité, et s'accompagnent de convulsions, mieux vaut consulter un pédiatre qui pourra prescrire un électrocardiogramme afin d'écarter toute anomalie cardiaque.

"Ne pas modifier ses règles éducatives face à ces spasmes"

L'environnement émotionnel semble primordial dans le déclenchement des crises. "L'enfant ne fait pas exprès de faire ces crises mais plus les parents se focalisent dessus et leur accordent de l'importance, en angoissant notamment, plus les spasmes du sanglot ont de chance de se répéter", explique Antoine Bourrillon. C'est finalement l'émotion engagée par le ou les parents face à l'enfant qui va déterminer le spasme. "Un bébé est très sensible aux émotions mais il n'y a pas lieu de penser qu'il manipule ses parents par ce type de réaction. Après tout, un bébé reste un bébé, et lui attribuer ce genre de comportement est déjà lui donner un pouvoir", relativise le Dr Stéphane Barbas, pédopsychiatre au Centre-Médico-Psychologique pour enfants d'Achères (Yvelines). "Les parents doivent garder une attitude tranquille et sereine, et surtout ne pas modifier leurs règles éducatives et ne pas revenir sur les punitions de peur que les crises se répètent".