Lorsque couper le cordon rime avec déchirement !

Vous avez porté votre enfant durant 9 mois et en quelques heures, il est là, tout contre vous, ne dépendant que de vous. Difficile de se dire, dès lors, qu’un jour il partira. Sans aller aussi loin, on imagine mal, dès sa naissance, le moment où il devra entrer à la crèche ou aller chez la nourrice. Surtout lorsque bébé hurle à vous en déchirer le cœur, au moment de vous quitter. On parle alors d’angoisse de séparation de l’enfant. Mais l’angoisse de séparation n’est-elle pas, finalement, vécue plus durement encore par la mère ? Qui de la mère et de l’enfant sera le plus affecté par cette séparation ? Et dans quelle mesure ce ne sont pas les difficultés de la mère à laisser son enfant qui engendrent l’angoisse de séparation de celui-ci ? Explications.

Savoir couper le cordon…

Ce n’est pas rendre service à un enfant que de refuser de se séparer de lui. Il arrivera forcément un moment où il faudra qu’il entre à l’école. Et si ce n’est la maternelle, ce sera le CP. Impossible de le materner ad vitam eternam. Privé de socialisation avec les autres enfants ou même avec des adultes, n’importe quel enfant risque de développer des comportements extrêmes : avoir peur de toute personne qui s’approche de lui et se réfugier dans les « jupes » maternelles, ou au contraire, fuir, dès qu’il le pourra, l’entourage parental. Des formes d’agressivité peuvent même, à terme, se développer, envers la mère. Le refus des marques d’affection seront également typiques des enfants qu’on n’a pas laissé grandir. Le refus de couper le cordon avec l’enfant peut se manifester de plusieurs manières, de la surprotection à la vie en autarcie. Mais il n’est jamais trop tard pour intervenir. Alors, lorsqu’on se sent dépassée et qu’on rencontre une des situations décrites plus bas, c’est le moment d’en parler à son conjoint, son pédiatre, son médecin ou même à un psychologue. Juste histoire d’arriver à laisser son enfant grandir…

 

Le surprotéger…

Etre derrière son dos toute la journée, ne pas oser le laisser à des « inconnus » aussi qualifiés soient-ils, pleurer quand on le laisse « derrière soi », traduit souvent une angoisse profonde de laisser « son bébé », son tout-petit. Angoisse que l’enfant ressent forcément et dont il peut ensuite commencer à jouer. C’est ainsi qu’on peut voir les enfants « pleurer toutes les larmes de leur corps » lorsque leur mère les laisse à la crèche ou à la garderie. Et surtout, la surprotection risque de rendre votre enfant craintif. Il aura alors peur des étrangers, peur de sortir, peur de rencontrer des autres enfants, au parc ou ensuite à l’école. Rien ne vous empêche de lui répéter que vous l’aimer, mais sans pour autant le frustrer dans ses expériences.

Le voir éternellement comme un bébé…

Vos enfants ont grandi, marchent, mangent tout seuls, et pourtant, vous vous évertuez à les traiter comme des bébés. Vous continuez à leur donner le biberon, à l’aider à manger. Vous vous raccrochez à l’idée que s’il pleure, c’est parce qu’il a besoin de vous. Vous êtes en demande des câlins « tout contre vous » comme lorsqu’ils étaient encore des nourrissons mais ils ont autre chose à faire. « Ce refus » de se faire câliner est alors vécu comme de la frustration. Mais vous êtes-vous demandé dans quelle mesure les pleurs de votre enfant ne sont-ils pas plutôt une angoisse de ne pouvoir grandir à leur rythme ? Tout passer à son enfant parce que c’est un bébé n’est pas une solution. Vous devez poser des limites pour lui permettre de trouver sa place de petit enfant, puis d’enfant, puis d’adolescent et enfin d’adulte.

Critiquer toutes les « gardiennes »…

Puéricultrices de la crèche, nourrices, grands-mères… Personne n’arrive à votre cheville et vous les critiquez à tout va. Il n’y a que vous qui savez vous occuper de votre enfant. Les autres ne font que des sottises et dans ce cas, pourquoi leur laisser la prunelle de vos yeux ? Non, il vaut définitivement mieux que vous les gardiez à la maison. Mais finalement, ce n’est pas tant une incompétence des « gardiennes » qui est mise en cause, mais plutôt la peur de voir votre enfant vous échapper. Un enfant qui s’attache à « mamie » ou à « nounou » est alors vécu comme une trahison, non acceptable. Alors, on ne prend pas le risque et on garde son petit tout près de soi. Ainsi, il n’aimera personne d’autre plus fort que vous. 

Le garder à la maison pour un oui ou pour un non…

Garder son enfant à la maison parce qu’on en a l’occasion, prétexter qu’il a le nez qui coule, être en arrêt maladie et en profiter pour ne pas mettre les enfants à la garderie… Chaque prétexte est bon pour ne pas se séparer de son enfant. Sans culpabiliser puisque ce sont « toujours de bonnes raisons ». Laissez votre enfant vivre sa vie. S’il a école et qu’il n’est pas « vraiment malade », rien ne l’empêche d’y aller. C’est un passeport pour son avenir. De même que lui faire rencontrer du monde. Si les relations sociales sont essentielles pour vous, elles le sont également pour lui. Vivre en autarcie familiale pour garder son petit « pour soi » n’est pas une solution.

Le prendre pour son confident…

Ne pas bêtifier est une chose. Considérer son enfant comme son confident en est une autre. En lui parlant de vos angoisses, en le prenant à témoin dans les conflits, vous ne faites que l’angoisser. Votre enfant n’est qu’un enfant. Il n’est pas votre ami, votre confident. C’est le petit être que vous devez laisser grandir. Sans l’accabler des problèmes des autres. En parallèle, il n’est pas bon non plus de bêtifier à tout va ! Parler le langage « bébé » en permanence n’aidera pas votre enfant dans l’acquisition du langage. Vous pouvez lui raconter des histoires, lui expliquer les choses. Sans pour autant tomber dans la confidence. Lui raconter que vous aussi, vous alliez chez papi et mamie enfant c’est une chose. Lui confier que vous êtes en colère contre papa en est une autre. Il y a des limites à ne pas dépasser. 

Le rôle du père

Lorsque le binôme formé par la mère et l’enfant semble indissociable, il faut se poser la question de la place du père. Un père absent ne favorise pas cette séparation mère/enfant. C’est donc à lui de s’impliquer suffisamment pour permettre à la mère et l’enfant de vivre l’un sans l’autre. Les solutions sont alors toutes simples : garder les enfants pendant que maman va au resto avec ses copines, faire preuve d’un minimum d’autorité, jouer avec ses enfants pour leur faire découvrir d’autres sortes d’activités,  les emmener seul en balade… L’enfant ne s’en trouvera que plus épanoui et cette « séparation » permettra à la mère de commencer à faire le deuil de son nourrisson qui ne dépendait que d’elle.

Commentaires

18.03.2015 20:25

Cathy nounou

Vous pouvez échanger vos ressenties sur la séparation avec vos p'tits bouts.